Article publié le 7 mars 2025 sur le site de l’UNSA Éducation
Dès que l’on interroge le fonctionnement des écoles privées en France, des voix s’élèvent pour dénoncer le retour à « la guerre scolaire ». Il est pourtant indispensable de porter un regard lucide sur ce système scolaire concurrentiel, financé à plus de 75 % par l’État et les collectivités territoriales, et objet régulier de nombreux scandales. Le dernier en date, pour ses dénonciations -et non pour les faits qui remontent au moins aux années 1990, mais sont restés tus – est celui qui concerne le pensionnat Notre-Dame de Bétharram près de Pau.
Il revient à la justice d’avérer les faits, de désigner les éventuels responsables et de les sanctionner en conséquence le cas échéant. Il revient aussi à une enquête (parlementaire ou judiciaire) de préciser qui était au courant, y compris le premier ministre actuel – ancien ministre de l’éducation nationale, mais surtout parent d’élèves dans cet établissement catholique. Cette enquête devra de plus déterminer pourquoi le contrôle a été confié localement, à un inspecteur d‘académie, et non pas nationalement, à des inspecteurs généraux, dont c’est le cœur de mission, comme nous l’avons vu dans l’enquête sur Stanislas.
A priori, il n’y a aucune raison de remettre en cause la parole de 102 anciens élèves qui ont déposé plainte pour maltraitance et sévices à caractère physique et sexuel, pas plus que celle d’une ancienne enseignante qui n’a pas été écoutée en 1996 alors qu’elle dénonçait déjà les faits graves se déroulant dans cette école privée. On ne peut qu’être en soutien face à leurs souffrances et traumatismes et se féliciter qu’enfin la parole se libère.
Pour autant, l’UNSA Éducation ne saurait se satisfaire d’un traitement au cas par cas. Les établissements privés sous contrat sont, comme l’indique leur dénomination, liés à l’État. Les subsides publics qu’ils touchent et qui représentent plus des trois quarts de leur financement doivent les contraindre à des obligations. Et l’État doit être en mesure de contrôler que celles-ci sont bien respectées.
L’annonce trompeuse par le ministère de l’Éducation nationale de la création de deux équivalents temps plein supplémentaires d’inspecteurs par académie, cache en réalité une inquiétante pénurie d’IA-IPR qui s’accroît depuis plusieurs années. En effet, ce sont près de 80 postes qui sont restés vacants à l’issue du concours 2024, celui-ci ne recouvrant plus que 38% des besoins réels sur le terrain. Nous jugeons cette situation inédite critique en soi, d’autant plus au regard du nombre d’établissements privés supplémentaires à contrôler. Aussi l’UNSA Éducation revendique les moyens d’une politique correctement dimensionnée de contrôle régulier de tous les établissements scolaires privés sous contrat. Nous exigeons également qu’à l’issue de ces contrôles soient mises en œuvre les actions qui s’imposent en toute transparence afin de sortir de l’omerta qui entoure trop souvent les situations dramatiques passées ou actuelles dans certains de ces établissements.
Parce que ces établissements privés sont en contrat avec l’État, il lui revient, en tant que décideur, de se donner les moyens de les contrôler et d’agir en conséquence à chaque fois que cela est nécessaire. L’UNSA Éducation y veillera.